� Quand l�Alg�rien touche le fond, il creuse encore. � Nourri entre autres aux blagues de l�humoriste Fellag, le journaliste Akram Belka�d d�monte avec brio la bo�te noire alg�rienne. Le propos est limpide, ce qui n�est pas fr�quent s�agissant de l�Alg�rie. Autre atout, l�auteur � l�auteur tourne le dos � au pouvoir comme aux islamistes, � arm�s ou pas �. Collaborateur de � La Tribune � et du � Monde Diplomatique �, Akram Belka�d, d�une �criture cisel�e, livre des carnets de route d�capants qui le m�nent de la Tunisie et du Maroc jusqu�aux hauts plateaux alg�riens, son jardin secret, � le calme avant le mutisme incandescent des sables �.
� C�est un savant, il a �crit un livre �, a pu dire un jour l�ancien pr�sident Chadli pour justifier la nomination comme Premier ministre d�Abdelhamid Brahimi, dit � Brahimi la Science �. L�Alg�rie est devenue un vaste � bled Miki �, un pays des Mickeys. � Les d�cideurs �, comme on d�signe � Alger les quelques g�n�raux qui contr�lent le pays, ne d�cident pas grand-chose, voire rien, incapables de faire profiter le pays des 25 milliards de dollars que rapportent bon an mal an, le gaz et le p�trole. � L�eau trouble finira bien par s��claircir �� C�est ainsi qu�en Alg�rie on traduit � Laisser du temps au temps �.
Akram Belka�d conna�t bien les militaires pour avoir �t� form� dans les ann�es 80 par une prestigieuse �cole d�officiers de l�arm�e alg�rienne. S�ils ont multipli� les � coups tordus � ces derni�res ann�es, c��tait d�abord, souligne-t-il avec humour, pour rattraper les � catastrophes � qu�ils ont engendr�es.
Dans des pages particuli�rement instructives, l�auteur revient sur le scandale provoqu� par Rafik Moumen Khalifa, une histoire d�incomp�tence comme le reste. Cet empire �ph�m�re est pass� souvent pour une vaste op�ration de blanchiment des g�n�raux. � Pourquoi la mafia politico-financi�re alg�rienne, s�interroge l�auteur, se sentirait-elle oblig�e de faire passer son argent sale par une lessiveuse quand rien ne la menace ? �
Pourquoi les g�n�raux seraient-ils b�tes au point de confier leurs �conomies � un fils de famille d�voy� ? Lequel Khalifa s�est content�, avec la b�n�diction du � pouvoir �, de piller la tr�sorerie des entreprises publiques et les retraites des honn�tes fonctionnaires. Autant de financement � par coup de fil � ou encore � par injonction �, comme on dit � Alger. Et l�auteur de citer en exemple, ou presque, les oligarques russes qui ont fait appel � une expertise am�ricaine.
� Un regard calme � ? Sans doute pas. La col�re rageuse (� grina �) qui l�avait saisi � son d�part d�Alg�rie a �t� seulement apprivois�e. Et avec lucidit�
Nicolas Beau