C'est � porter sur l'Alg�rie convalescente un regard apais� que s'essaie Akram Belka�d, un ancien �l�ve officier devenu journaliste, dans un essai o� les souvenirs personnels portent les r�flexions politiques. Tout ce qui a tiss� l'histoire de l'Alg�rie ind�pendante est revisit� : l'arm�e, � toujours populaire �, mais dont il est vain d'attendre qu'elle initie une � r�volution des oeillets � sur le mod�le portugais ; la s�curit� militaire, qui gangr�ne l'appareil �tatique et dont l'impunit� est � un obstacle � la d�mocratie � ; le statut de la femme, dont l'am�lioration ne saurait attendre � une hypoth�tique mutation soudaine de la soci�t� � ; l'�conomie, qui, malgr� la manne p�troli�re, reste � une �conomie de bazar �, comme l'a d�montr� la saga de Rafik Khalifa, qui a bern� des centaines de milliers de petits �pargnants ; la question berb�re, et � travers elle celle de l'identit� alg�rienne...
INERTIE ET INCOMP�TENCE
Les jugements les plus s�v�res vont aux d�tenteurs du pouvoir, que les Alg�riens appellent � les d�cideurs �, une � bo�te noire mafieuse � o� se retrouve la fine fleur de la hi�rarchie militaire. � Le plus souvent, les d�cideurs sont plut�t des non-d�cideurs dont l'obsession est de toujours gagner du temps �, note l'auteur, qui fait de l'inertie et de l'incomp�tence les caract�ristiques du pouvoir alg�rien. Ainsi l'arriv�e d'Abdelaziz Bouteflika � la t�te de l'Etat en 1999 puis sa r��lection seraient moins la cons�quence de son talent � s'affranchir des fameux d�cideurs que celle des atermoiements de ces derniers.
L'auteur n'est pas plus tendre pour les � r�formateurs � qui, au pouvoir de septembre 1989 � janvier 1991, ont cru possible de travailler avec les d�cideurs. A ses yeux, il fallait � se battre, occuper la rue, exiger une nouvelle Constitution � et ne pas laisser le terrain libre aux islamistes.
L'histoire a pris une autre tournure, assez sinistre et d�sesp�rante, dont un jeune journaliste, Sid Ahmed Semiane, a tenu la chronique pendant des ann�es dans les colonnes du quotidien Le Matin, aujourd'hui disparu. F�roces, dr�les, d�sesp�r�s, parfois d'une mauvaise foi que seul le talent peut excuser, ses billets rendent compte de l'itin�raire d'un intellectuel qui, enr�l� dans un combat contre l'int�grisme, a d�couvert qu'il participait � une � mascarade �. � Ecrire dans un journal qui publie de faux communiqu�s du GIA en connaissance de cause, c'est aussi, quelque part, �tre parti prenante de la d�rive �, confesse celui qui signait SAS. Devenu � apostat �, il a pr�f�r� quitter la sc�ne sur la pointe des pieds.